
Tailler sa pierre brute
Par Honora le 16.12.2008
Ce petit poème plein de sagesse, comme toutes les pensées profondes, est millénaire mais rien ne change.
Aujourd’hui encore dans notre monde malade et en dérive, les médias nous abreuvent quotidiennement d’horreurs, d’atrocités, ou parfois et c’est le moins, de commérages et de sottises.
Nombreux prennent conscience que tout devrait changer, « qu’il faudrait rétablir l’ordre » mais par quoi commencer, qui va s’atteler à la tâche ? Finalement, d’autres sont là pour penser et agir à notre place et d’ailleurs il y a l’Etat ? On le vilipende mais on en attend tout.
Alors beaucoup baissent les bras et attendent…
Et l’Etat intervient par la loi ou par des « campagnes d’information » et la contrainte tous azimuts :
- interdiction de fumer,
- défense de rouler trop vite,
- boire de l’alcool en excès,
- manger trop de gras, d’engloutir du sucre et du sel,
- punir les enfants que les parents ne savent et ne peuvent plus élever,
- interdiction des produits nocifs, tant alimentaires que ménagers,
- économie de l’eau
- prendre moins de médicaments
- réduction de la consommation, de gaz, d’électricité
- réduction des déchets.
La liste n’est pas exhaustive et j’oublie sans doute des évidences.
Quel bonheur nous apportent ces abus sinon une jouissance éphémère, parfois même inconsciente ? Mais encore la maladie, la mort brutale parfois, la punition pour infraction à la loi.
Mais l’entité « Etat », qui refuse de voir et d’assumer qu’une partie de la planète et notre encore beau pays en particulier, souffrent d’hyperconsommation, tente vainement de résoudre la quadrature du cercle :
« Faire consommer pour relancer la croissance mais en respectant les interdits, la Planète, les hobbies ».
L’Etat ne pourra rien pour nous. C’est individuellement que nous pourrons améliorer le monde. Pour se faire, il n’est pas indispensable de partir en Inde ou dans les favélas porter secours à ceux qui en ont bien besoin mais ce qui n’est pas à la portée de tous, pour commencer, il suffit d’agir sur notre comportement personnel.
Pourquoi faudrait-il consommer toujours plus ? Pour offrir des profits excessifs à quelques-uns pendant que les plus pauvres, nous peut-être demain, se paupériseront ? Quel plaisir profond y a-t-il à porter un vêtement de marque, un bijou, une grosse montre bien voyante ou s’offrir la dernière voiture sortie ? Faut-il chercher à se distinguer par la matière ou par l’esprit ? Nous devons renoncer de nous-mêmes à l’inutile, ça n’est pas si facile... il faut le vouloir !
En commençant par faire le tour de son appartement, de sa maison, découvrir les mille trésors inutiles dont nous avons même oublié l’existence, mais qui peut-être pourraient en aider d’autres, les livres qu’on n’ouvre plus mais qu’on rechigne à offrir à une bibliothèque - laquelle d’ailleurs préfère des subventions pour acheter des livres neufs - la nourriture jetée faute d’une bonne gestion et de la facilité à l’obtenir, toutes ces choses, entre autres, qui font que l’appartement ou la maison deviennent trop petits.
Devenons avares en considérant tous les coûts et pollutions induits par la fabrication du moindre bout de ficelle et ce dernier deviendra précieux.
Parfois, pour me rappeler à l’ordre, je me plonge mentalement dans l’univers des camps de juifs de la dernière guerre mondiale, et je songe à toutes les privations que ces êtres ont subies et à ceux, trop rares malheureusement car beaucoup furent massacrés, qui malgré tout ont survécus. Là, on relativise et la pléthore qui nous entoure prend une densité insoutenable.
Il ne faut pas oublier, qu'aujourd'hui près de nous, mêmes si les médias banalisent les scènes de misère, des peuples souffrent de manquer de tout parce que d'autres consomment trop.
Au lieu de réclamer plus d’argent, plus de biens, plus de tout et n'importe quoi, commençons par nous satisfaire de ce que nous avons et puis réfléchissons au bien fondé de nos prétentions, nos envies trop souvent superflues...
Tout ça ne fait pas le bonheur, mais s'il est en nous, il y demeurera malgré tout.
Un jour, une amie m’a dit « tu enfonces des portes ouvertes ».
Aujourd’hui toutes ces portes sont ouvertes et bien peu les enfoncent, comme je le regrette